Sur l’île Simpson, c’est-à-dire à la Fourche du Mackenzie, gisait autrefois le Fort de la Fourche.  Ce poste de traite de la Compagnie du Nord-Ouest fut construit en 1803 et occupé de façon définitive en 1804.  Les activités se déroulant dans ce poste isolé tombèrent sous la commande de Willard Ferdinand Wentzel dont les journaux couvrant une bonne partie de l’existence du poste ont survécu les ravages du temps. Ces textes, quoique trop souvent brefs, nous relatent certaines des activités et des caractéristiques du Fort de la Fourche. Grâce à ces écrits, nous savons par exemple qu’il y avait plusieurs édifices à cet endroit dont des résidences, un entrepôt, une glacière, une latrine. De plus, nous savons qu’il y avait un jardin dans lequel on cultivait les pommes de terre, les pois, l'avoine .....

Mais la vie à cet endroit, situé à plusieurs milliers de kilomètres de Montréal, n’était pas facile. D’abord, il fallait au moins deux ans pour s’y rendre en canot d’écorce suivant un long trajet rempli de périples et sûrement d’aventures. Une fois au poste de traite, et après la saison de traite estivale, une routine et un silence infernal s’installaient, surtout pendant l’hiver. Et le risque de pénurie de vivres planait toujours.

En effet, l’hiver de 1810/11 fut un des plus douloureux et meurtriers. Le lièvre sur lequel on venait tellement à dépendre pour la survie, que l’on soit Européen ou Autochtone, manquait. Il est fort probable que cet hiver-là fut le point bas du cycle de cet animal qui s’échelonne sur environ sept ans. De plus, le froid était intense, à tel point que la glace sur le fleuve Mackenzie était inhabituellement épaisse et on ne pouvait pas placer des filets de pêche sous la glace. Ce ne fut pas long avant qu’on commença à manquer de vivres. On passa donc sous la dent les peaux qu’on avait échangées avec les Autochtones de la région contre les objets transportés si péniblement de si loin. Mais ces peaux ne recèlent guère de quoi faire vivre un être humain, car avant de les vendre aux marchants, les Autochtones les grattaient pour enlever toutes traces de matières grasses.

Wentzel nous rapporte que parmi la bande autochtone locale, cinq personnes périrent de faim. Au Fort de la Fourche, quatre personnes succombèrent à la faim pendant le mois de mars. Leurs noms nous sont connus grâce à Wentzel. Ils étaient William Henry, le chasseur du poste, Louis LeMai dit Poudrier ainsi qu'un de ses enfants, et François Pilon. Le Fort de la Fourche fut abandonné suivant l’arrivée du printemps. Nous ignorons la nature ou la localisation des sépultures des ces quatre malheureux. Cependant, étant donné l’abandon du site et la condition sans doute précaire des survivants, nous présumons qu’ils furent enterrés très près du fort, sinon à l’intérieur de l’enceinte, ou peut-être a-t-on simplement utilisé une fosse déjà existante telle une glacière, qui allait être abandonné de toute façon.

Suivez ce lien pour lire la lettre que Wentzel fit parvenir à Roderic Mackenzie où il décrit la perte de quatre de ses employés.


Qui était ce François Pilon?
Des Pilon se rendent à la Fourche du Mackenzie en 2002

Retourner à la page index