Edouard fut le fils de Isidore Pilon et de Eulalie Poudret dit
Lavigne. Il naquit et grandit à Ste-Anne de Bellevue, ville
située sur la rive du Fleuve St-Laurent, sur l'île de Montréal.
Il fut l'avant-dernier d'une famille de 10 enfants dont 1 de 5 qui vécurent
plus de 20 ans d'existence. Il était comptable. En septembre
1914 il s'enrôla dans les Forces expeditionnaires canadiennes où
on lui assigna le numéro de série 1467 l'inscrivant ainsi
parmi les premiers à prendre les armes. Edouard fut donc du
premier contingentement de soldats canadiens à traverser l'Atlantique
dans l'un des plus grands déplacements connus de l'histoire et fut
membre de la Première Division Canadienne à atterrir en France
au printemps de 1915.
Que pouvaient donc être les attentes de cet homme de 31 ans en
route pour Valcartier au nord de la ville de Québec pour devenir
soldat et aller ensuite en Europe, le pays de ses ancêtres ?
Sûrement il y avait le goût de l'aventure et la trépidation
de bonnes parties de plaisir dans des paysages nouveaux. Effectivement
comme son dossier militaire l'indique assez clairement Edouard a su profiter
largement des bières hospitalières de l'Angleterre et de
la Belgique. À plusieurs reprises il fut accusé d'être
en état d'ébriété et même inculpé.
Il est difficile d'évaluer le degré de sérieux de
ces infractions. En deux instances Edouard passa en cour martiale
tel que l'indique les procès verbaux ci-inclus. À vous
de juger. D'une certaine façon l'on pourrait croire qu'Edouard
n'était pas tellement différent de la plupart de ses contemporains
placés en d'autres lieux et circonstances. Les procès-verbaux
dépeignent un Edouard jovial, un peu frivole, insouciant du temps
où il aurait dû se taire.
La lecture du dossier malheureusement trop court d'Edouard note
que durant son stage en Angleterre il attrapa une grippe et une pneumonie,
maladie du temps dont plusieurs moururent en Europe et en Amérique
du nord. Fait important aussi, il est noté qu'il a souffert
de psychose traumatique « shell shock » en Juin 1915.
Se pourrait-il qu'à partir de ce moment Edouard réalisa que
la guerre n'était pas du tout ce qu'il attendait de ses aventures
et que son avenir s'orientait vers un cul-de-sac ? De là ses
évasions par la boisson. De là peut-être aussi
sa préférence pour quelques jours en prison, un lieu sûr,
plutôt que les nuités de misère sous les bombardements
ennemis et même parfois d'alliés. Des réponses
délicates et possiblement justificatrices aujourd'hui.....à
des questions pertinentes et même nécessaires.