Philippe Pilon est venu au monde à
Springfield, au Massachusetts, États-Unis, en 1913. Il
était bilingue, mesurait 5 pieds 8 pouces et 3/4 et pesait 145
livres. Lors de son inscription il donna Beloeil (Beloeilville
sur
le document), communauté à moins de 20 kilomètres
à l'est de Montréal, comme son lieu de
résidence. Il indiqua qu'il travaillait dans l'industrie
des munitions. En s'enrôlant, le 10 novembre, 1941, il
fut rattaché à la 75ième Batterie de l'Artillerie
royal canadienne. À 29 ans, il était probablement
parmi les plus vieux des recrus, ce qui a sans doutes
été une source de plaisanterie pour plusieurs, mais
peut-être de comfort pour d'autres.
La majeure partie de son entraînement eut lieu à Petawawa
sur la rivière des Outaouais et à Valcartier près
de la ville de Québec avant qu'il ne se rende à Debert en
Nouvelle-Écosse. En novembre 1942, il s'absenta sans
permission pendant 25 jours et il passa éventuellement devant la
justice militaire.
Avait-il remis en question son enrôlement dans l'armée, ou
avait-il d'autres raisons pour ne pas se présenter pendant
si longtemps? Quoiqu'il en soit, sa performance fut jugée
plus qu'acceptable puisqu'on l'a promu au rang de "Lance Bombardier" en
avril 1943 pendant qu'il était encore en
Nouvelle-Écosse. Cela nous porte à croire qu'on
l'appréciait. Il retourna à Petawawa en mai 1943
pour poursuivre son entraînement.
Il porta le regard pour une dernière fois sur les plages de son
pays
le 26 août, 1943, arrivant au Royaume-Uni le 1er septembre
suivant (le même jour que son frère cadet Gerard Russell
Eddy qui avait
quitté Halifax deux jours plus tard). Le 5 juillet, 1944,
il
s'embarqua pour la France, y arrivant le lendemain. À son
arrivée sur la terre de ses ancêtres, il fut
rattaché au 4ième Régiment moyen de l'Artillerie
royale canadienne. Le 8 août, 1944, il fut tué
par l'ennemi. Cette date a vu le début de
l'Opération Totalize qui avait comme objectif l'encerclement de
l'armée allemande qui s'était réfugiée dans
la "pochette de Falaise". Coïncidence dure, c'est le
même jour que son frère Gerard Russell Eddy fut
blessé par un fragment d'obus à la région de la
tempe gauche. Un troisième frère, le Sergent
Jean-Paul Pilon, portait l'uniforme du Royal
22e Régiment. Le 8 août, 1944 était donc une
journée d'horreur pour les Pilons du Massachusetts et pour la
pauvre
veuve Amanda Pilon qui attendait sans doute nerveusement toutes
nouvelles de ses
vaillants fils dans son appartement de l'avenue Jeanne d'Arc à
Montréal.
Pour l'instant, nous ignorons les circonstances exactes du
décès de Philippe Pilon. Cependant, une note
datée le 8 avril, 1945 qui tentait de faire le point sur le
manque d'effets personnels de ce soldat, mentionna que le camion dans
lequel voyageait Philippe Pilon avait été incendié
par une bombe, détruisant ainsi toutes les possessions qu'il
aurait pu avoir avec lui. Il vaut la peine de mentionner qu'au
tout
début de
l'Opération Totalize, la Force aérienne de l'armée
américaine envoya ses bombardiers prêter main forte aux
forces canadiennes. Apparemment, plus d'une vingtaine de
bombardiers lâchèrent leur bombes avant d'avoir atteint
leurs cibles, frappant
et tuant ainsi bon nombre de soldats alliés. Est-ce que
Philippe fut victime
de ce "feu amical"?
On
enterra Philippe
Pilon d'abord dans le Cimetière militaire canadien à
Mondeville en banlieue de Caen. Plus tard, sa dépouille
fut
transportée au Cimetière militaire canadien de
Bretteville-sur-Laize (tombe 12, rangée H, lot 10) pour son
repos final. Il avait 31 ans.
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